M’sieur Walsh, c’est un grand bonhomme vous savez ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, il n’est ni vieux ni ridé ni gros. Il n’est plus tout jeune mais à côté de ma face de pomme fripée, Darren  est encore fringant ! Quarante-cinq qu’il vit sur cette planète, ça aurait marqué n’importe qui mais ce garnement est solide comme un roc ! Je travaillais déjà pour ses parents, Lysbeth et Grant Walsh, ils tenaient un commerce d’armes, ils étaient plutôt du genre itinérants. Paix à leurs âmes, ils nous ont quitté il y a un moment, plus de trente ans, le pauvre Darren était qu’un ado à l’époque. Je l’ai aidé à reprendre le business de ses parents parce que ça lui tenait à cœur, à peu près autant que le joli sourire des filles qu’il croisait.

C’était un bon gamin vous savez, il était assez poli, il écoutait ses parents, moi un peu moins mais il a appris à le faire. Et puis il apprenait vite, il apprenait bien. Alors il a repris l’entreprise familiale, et il l’a même faite fructifier, puis un jour il a décidé que la vente d’armes c’était pas suffisant, parce qu’il avait autre chose, qu’il a encore d’ailleurs ; le démon du jeu. Il est joueur Darren. Et en bon joueur, il a vite vu où on pouvait facilement se faire de l’argent ; en plumant les autres ! Il a commencé à organiser des combats à droite à gauche, des courses de skags, tout ce qui pouvait attirer l’attention des parieurs compulsifs, et ça a marché. Il a mêlé les deux pendant un temps, il fournissait les armes à ceux qu’avaient besoin pour les combats, ça lui a rapporté gros, assez pour qu’il se fasse construire vers ses trente ans une jolie villa dans le désert entre Opportunity et Lynchwood avec tout le confort qu’on peut souhaiter.

Et puis il a rencontré une jolie petite nana. Le genre déterminé, avec l’assurance. J’y ai cru hein vous savez. Darren c’est un petit peu comme mon gamin depuis tout ce temps, j’ai cru que Savanah était la bonne. Mais mon petit Darren il a un avis arrêté sur beaucoup de choses, notamment sur les sirens, les hulders, les cyborgs. Pour lui ce sont juste des machines, des bêtes qu’il peut faire combattre dans toutes les arènes de toutes les planètes, sur le dos desquelles il peut se faire un maximum de pognon. Alors … ça a tourné court quand la belle demoiselle lui a parlé de son projet. J’y ai cru, peut-être que lui aussi, difficile à dire, Darren est pas du genre à se confier.

L’eau a coulé sous les ponts, c’était il y a dix ans. Entre temps il a croisé la route d’une blonde folle à lier à qui il a fait deux marmots. Ils se sont mariés il y a un peu plus de neuf ans, elle a pondu les jumeaux démoniaques que je considère comme mes petits-enfants il y a huit ans et elle est partie il y a sept ans. Envolée, volatilisée. J’ai eu peur pour mon pauvre petit Darren, mais il faut croire que cette bonne femme il l’a jamais vraiment aimée. Diana qu’elle s’appelait. Sans doute qu’elle s’appelle encore.

Depuis, c’est moi qui prends soin de cet ours mal léché et de ses enfants, je l’aide à faire sa comptabilité, je lui fais la liste des parieurs qui lui doivent de l’argent, la liste de ceux en qui il peut avoir une confiance absolue, et de temps en temps, je lui prépare une petite soupe à la carotte d’Athenas. Ah vous m’excusez, il revient de faire payer un mauvais payeur et Niall et Brona font n’importe quoi avec Rick.