Crimson Flower Pub, rendez-vous au crépuscule. Il porte une veste en jean épaisse, au col moutonneux et à l’intérieur tout aussi douillet, un t-shirt avec inscrit en petit à droite « Lennon Parade ». Marque d’un célèbre styliste dont la mort avait fait parler d’elle. Personne ou presque n’avait pu le deviner, le prédire. Un homme aussi doué que lui ne pouvait passer l’arme à gauche, et pourtant cela avait été un scoop. Tae-O portait toujours quelques vêtements de cette marque, surtout sur les plateaux TV. Ainsi personne n’oublie le créateur. Un jean brut et une paire de bottines montantes pour parfaire le tout le plus simplement possible. Il a laissé ses cheveux tomber sur son visage, les mettre en arrière serait prendre le risque d’attirer bien plus les regards ou les foules, de faire croître les rumeurs à son sujet. Mais pour cela il s’en fichait, plus ou moins. Enfin, il avait tout de même eu des coups de sang sur les réseaux lorsqu’une rumeur de couple était née à son sujet.

« Levyn a été vu au musée en compagnie d’une femme » - « C’est sa copine !? » - « Il doit sortir qu’avec des filles de PDG... » - « Pourquoi il dit pas clairement qu’il a une meuf ? » - « pff connard tu me trompes ! »

Tout cela l’avait bien plus frappé qu’il ne l’aurai voulu, alors sur un coup de tête il avait saisit son echo, posté des stories incriminant ces rumeurs complètement fausses à son sujet. C’était pathétique, décevant de la part de soit disant « fans ». Ils n’avaient rien à voir avec des supporters, ou des admirateurs, d’ailleurs il ne saisit toujours pas pourquoi il y a parfois un tel entrain à son sujet, il n’est que journaliste. Il perfectionne son image certes, puisque la télévision est une affaire de paraître, tout comme les publicités et autres images défilantes sur les grands écrans.

Passant la porte du pub il annonce son désir d’une table pour deux dans un coin discret des lieux. Ca n’est pas grand, mais il apprécie la décoration du restaurant, ça a un côté vintage, cette époque quasi passée aux oubliettes par bon nombre de mémoires imbéciles, rongées par les conneries des réseaux, des fakes news… Et lui-même fait partie de cette immense supercherie, même s’il tente d’être le plus juste possible, de laisser à chacun sa manière de penser, de se faire sa propre idée sur tel ou tel sujet. Il faut bien que certains parviennent encore à utiliser leurs neurones à bon escient. Cela devient rare. Mais ce n’est pas en pensant à cela qu’il sera de bonne compagnie pour une amie d’enfance qu’il n’a pas revu depuis de nombreuses années.
Il en a des vagues souvenirs, mais il sait que même si sa mère n’a plus revue les parents d’Evans depuis la mort de son père, elle a gardé le contact avec eux. Elle a sûrement eu plus de nouvelles que lui concernant leur fille un poil plus âgée que lui. Mais de ce qu’il sait, ils s’entendaient bien. Alors pour faire plaisir à sa mère, après quelques temps à lui refuser de franchir le pas Tae-O avait finit par trouver et contacter l’echo de Loéline Evans, se présentant brièvement et parlant essentiellement et rapidement de la relation entre ses parents et les siens. Alors s’en était suivit un échange jusqu’à accepter une première rencontre, puis une seconde, et là il devait en être à leur troisième. Ca fait rencard ainsi dit, mais non, Levyn l’a compris la brunette n’est pas un coeur à prendre, et lui ne recherche pas cela. Non, il souhaite simplement essayer de renouer une relation amicale, rien de plus, rien de moins.

Installé à table il lâche un faible soupire, son regard parcourt les tables vides et pleines, il commande déjà une carafe d’eau pour patienter, et jette de nombreux coup d’oeil à son echo pour toujours être au courant des dernières actualités, il a du mal parfois à lâcher le boulot, mais ces derniers temps il en a bavé et il n’a pas envie de devoir piquer un nouveau coup de sang pour une connerie.

Il relève alors ses yeux de l’écran et perçoit Loéline, il se lève et lui adresse un rapide signe avant de quitter sa chaise, lui ayant laissé la banquette, pour venir lui accorder une accolade.  « Salut ! Comment vas-tu ? Tu bosses pas au moins, hein ? » Il sourit faiblement et l’observe un cours instant espérant qu’elle ne soit pas de garde par exemple, sa mère lui ayant dit qu’elle était devenue infirmière.

Loéline avait besoin de prendre le large, songé un petit peu à tout ce qu'elle avait entreprit jusqu'à maintenant et quoi de mieux que de prendre le large dans... un pub. La jeune fille prenait soin de prendre certaines routes, certains passages à des heures habituelles où elle pourrait tomber sur son meilleur ami Kyle. Disparu de la surface de la surface de Pandore, la jeune fille craignait qu'il ne le soit arriver quelque chose et que, contraint de rester immobile par sa prothèse, il était incapable de la joindre. La malheureuse se demandait si elle ne préférait pas le savoir entrain de vadrouiller à droite ou à gauche, en ayant perdu son Echo évidemment ou tétraplégique, à la merci de pillards en voulant à sa colonne vertébrale. L'horreur.
Fatiguée, mal au pied et au dos, l'infirmière avait tout de même parcouru Sanctuary en long, en large et en travers sans aucune trace du chasseur. Etait-il à Opportunity, ou encore à Safe Haven ? Mais comment le trouver alors qu'il était – et elle l'espérait – en constant mouvement. Elle accueillit son verre avec un petit sourire qu'elle paya aussitôt après de crédits pandoriens. Ses épaules lui faisaient souffrir depuis qu'elle avait entreprit de travailler la kinésithérapie grâce à un contact de sa mère. C'était un peu son truc, travailler sur la médecine douce, les plantes, le bien être du corps car selon Loé, les bobos du cœur et de l'âme devaient aussi se travailler physiquement. Une nutritionniste lui avait confié une étude qu'elle avait elle-même écrite pour démontrer que même l'alimentation contribué à ce bien-être.

En fait, Loéline en voulait à la Terre entière.
La colère qu'elle nourrissait sur Jacen, le médecin qu'elle avait aimé observer travailler autant dans la précipitation que dans le calme, lui avait montré un autre visage moins plaisant à ses yeux. Et Andrew qui lui avait caché une partie de sa vie dont elle ne savait pas si elle allait pouvoir passer au-dessus. Mercenaire.. Le peu de fois où elle avait croisé ce genre de personne, ça n'était pas vraiment beau à voir et en plus, En plus.., il lui avait menti. Il lui avait menti en disant qu'il était toujours comptable alors qu'en réalité, il usait de ses « nombreux talents » pour le compte de quelqu'un. Et ce genre de talent consistait naturellement à coincer la tête des types dans la lunette des toilettes. Dans le fond, il était fort possible qu'elle avait peur. Le fait était qu'il y avait eu ce foutu risque de grossesse, cette sonnette d'alarme en réalité, qui l'avait complètement désarçonné. Et maintenant il y avait ça.

Lorsqu'elle regarda sa montre, elle sursauta. Misère Loé, t'es à la bourre.. Alors que tu en branles pas une.. Elle s’éjecta du tabouret, salua le barman qui commençait à bien la connaître et cela aurait été mentir si elle ne le trouvait pas mignon, et quitta le bar. Elle grimpa dans une navette, rejoignit le prochain arrêt et consulta à nouveau sa montre. Quinze minutes de retard, elle avait fait pire mais elle faisait beaucoup mieux aussi. En se pinçant la lèvre, elle accéléra le pas et fut soulager de voir que Levyn était encore là. Plongé dans son interface, il ne l'avait pas encore vu alors elle se dirigea au toilette et se redonna des couleurs, ou en tout cas, atténua celle de sa course avec un peu d'eau fraîche sur son visage. Une fois qu'elle était plus ou moins rassurée sur son allure, elle tira légèrement sur sa veste mi saison bleu canard. Les manches trois quarts étaient remonté au niveau du coude révélant une légèrement cicatrice, une nouvelle, après une mission périlleuse : « La cuisine avec maman.. » Elle inspira et après s'être donné un peu de courage par le biais de son reflet, elle quitta les toilettes et rejoignit la table où l'attendait Tae-O.

Loéline s’approcha et souria : « Salut, Levyn ! » C'était en souvenir du bon vieux temps car elle ne l'avait pas oublié et sa mémoire ne lui faisait jamais défaut. Elle le salua en répondant à son accolade et le rassura : « Hein ? Non, pas du tout. » répondit-elle, en fronçant les sourcils et se souvint tout d'un coup qu'elle avait soutenu à sa mère qu'elle travaillait toujours. Actuellement, sa situation était un peu compliquée même si elle arrivait à vivre avec ce qu'elle gagnait ça et là, pour des petites prestations médicales ; Néanmoins, les difficultés devenaient de plus en plus nombreuses. Ce qui faisait qu'elle n'avait pas quitté Sanctuary pour des raisons quasi évidente : D'une, elle attendait des nouvelles d'Andy, ou alors lui en attendait. Dans ce cas, si on s'attend tout les deux, ça risque d'être difficile.. pensa t-elle en se mordant la langue : « J'cherche un boulot plus stable actuellement, histoire de me poser un peu. D'ailleurs,.. Non, je ne dis rien ça va finir par me porter la poisse. » Elle s'était raidie tout simplement parce qu'elle ne voulait pas trop en dire en l’occurrence sur l'entretien d'embauche qu'elle avait réussi à décrocher à l’hôpital de Sanctuary, au service palliatif. Apparemment, il manquait toujours du monde et malheureusement, elle craignait de savoir pourquoi.
- Je t'en dirais plus demain, à coup sûr.
Au loin, elle remarqua le serveur alors elle croisa les jambes sous la table et poursuivi la conversation : « Et toi alors ? Quoi de neuf ? »

Il esquissait un nouveau léger sourire en quittant l'étreinte de son amie d'enfance. Elle n'avait pas changé, du moins peu, en apparence elle avait mûrie, mais il dégageait toujours d'elle cette gentillesse et cette dynamique sans égal. Sa mère avait été ravie d'apprendre qu'ils avaient repris contact, après tout, leurs parents respectifs s'étaient souvent vu alors qu'ils n'étaient que des mômes en couches culottes.

Revenant à sa place il observait Loéline avec attention, une attention toute particulière parce que cela faisait un moment qu'ils n'avaient pas pris le temps de discuter de manière posée. Toujours à envoyer rapidement un Echo pour y répondre deux jours plus tard. Chacun avait une vie chargée, un rythme différent, mais Tae-O comprenait parfaitement cela, et il n'en voulait pas vraiment quand on lui répondait tardivement. Du moins s'il s'agissait d'une chose non importante et non exhaustive, auquel cas il pouvait rapidement se mettre en colère et devenir verbalement insupportable et brutal.

"Tu n'as pas été prise en clinique ? Tu as essayé le nouvel hôpital de ce cher Hyperion ?" Il répondait du tac au tac, curieux d'en savoir plus. Il posait d'ailleurs un coude sur la table, puis plaçait son menton dans la paume de sa main pour ainsi être plus confortable, plus concentré aussi. "Je n'y ai encore jamais mis les pieds." Argumentait-il de manière pensive. Il avait été tenté suite à son interview télévisée en compagnie de Madame Sanders, mais au final, il restait tout de même sceptique quand aux réels subventions et soins. Il avait voulu la forcer à dire le fond de sa pensée sur nombreux sujets, quitte à rendre l'émission un peu tendue. Mais Sanders savait aussi manier son image et ses mots, il avait apprécié ce "combat", ce duel entre eux, cela aurait même pu l'émoustiller. Les femmes avec du caractère, du répondant avaient souvent bien plus de chance de piquer son intérêt que des midinettes timides et pathétiques. Stefania Sanders, malgré sa place chez Hyperion avait su attiser son envie de joute verbale.

Reportant son attention sur Loéline il esquissait un sourire en coin, le regard brillant avant de se redresser et hausser les épaules. "Rien de neuf en ce moment. Une rumeur ou deux, et une émission que la chaîne a qualifié de désastre médiatique." Il pouffe de rire, un rire a la fois nerveux et agacé rien que de devoir y repensait. Le patron de la chaîne avait immédiatement demandé à le voir afin de comprendre la tension qui avait effleuré la phase non professionnelle du journaliste. Il avait rit, agacé et avait étrangement - ou non - piqué une colère, une gueulante en faisant comprendre que si l'audimat de la chaîne augmentait c'était grâce à lui, et que lui avait les couilles de mettre les pieds dans le plat. La journée s'était alors mal terminée, et il avait été dans un club pour décompresser. "Tu l'as vu ? J'avais Stefania Sanders en guest." Il reposait son regard sombre sur Evans et arquait rapidement le sourcil droit. "Une femme qui en impose, en a dans la tête mais tient fortement à son image de marque." Il la décrivait succinctement, du moins décrivait son propre ressenti vis à vis de cette personne. Il essayait de ne pas paraître trop négatif, mais il savait qu'il voulait enquêter sur elle plus en profondeur, connaître ses secrets s'il le pouvait, et sa détermination et sa curiosité pouvait rapidement et facilement se lire sur son visage.