‘Je ne suis pas de ceux qui ont eu une enfance difficile ni compliquée. Je ne suis pas de ceux qui en veulent au monde entier d’être nés sous la mauvaise étoile ou à la mauvaise époque. Je n’ai pas subi d’atrocités étant petit. Mes parents s’aimaient et s’aiment toujours. Mon foyer était chaleureux et n’a jamais manqué de rien. J’ai eu la chance de vivre très correctement, une vie sans histoire; des études poussées jusqu’à l’obtention de mon doctorat en Bio-chimie, un job stable au sein d’Hypérion, branche militaire de recherche d’armements bio-chimiques. Une situation confortable, un appartement confortable. Une vie sans rebonds ni secousses. 
Jusqu’en Octobre de l’année x216
Jusqu’au jour où j’ai été admis en soins intensifs, l’année de mes 30ans.’


L’histoire de Nikolaï débute bien entendu le jour de sa naissance, cependant jusqu’a ses 30 ans, il avait eu le luxe de vivre une vie sans ‘histoires’.
Né d’un père - Piotr Eristov - militaire haut Gradé et d’une mère - Nina Eristov - issue de très bonne famille et employée chez Hypérion, Nikolaï est fils unique, choyé et très bien élevé. Le petit garçon jouira de toutes les belles choses que Pandora avait à lui offrir contrairement à beaucoup d’autres de ses habitants. Cette belle enfance le mènera à une aussi belle adolescence, bien que marquée par une puberté un tantinet tardive mais fulgurante. De cette adolescence sans histoires elle-aussi, Nikolaï deviendra un jeune homme tout à fait accomplit, brillant dans le domaine scientifique. Quelques années d’études approfondies plus tard, Nikolaï décrochera son doctorat en Bio-chimie de manière tout à fait honorable et intégrera Hypérion comme sa mère avant lui. Cet accomplissement fera la fierté de Piotr et le bonheur de Nina qui se félicitèrent d’avoir élevé un si gentil petit bout d’homme. 
Si seulement les choses avaient pu se dérouler de cette manière toute sa vie, notre petit bout d’homme ne serait pas devenu le Cyborg qu’il est aujourd’hui.


C’était une matinée ordinaire.
Réveil - douche - petit déjeuner - arrivée au labo.
Une démangeaison sous le genoux.
Apparait une douleur dans le dos.
Il part aux Wc et urine du sang.
De la fièvre.
Son épiderme prend une teinte et un aspect étrange au niveau des extrémités.
Faiblesse respiratoire.
Apparition d’une tache noire dans l’oeil gauche qui trouble sa vision. 

Son tympan gauche bourdonne. 




Il tombe.
Et tout devient noir.

Nikolaï se réveillera deux semaines plus tard aux soins intensifs d’un centre médical inconnu. L’oeil rivé sur le plafond grisâtre et sans chaleur, il se bat contre l’intubation qui lui donne envie de vomir. Son rythme cardiaque s’accélère et les machines se mettent à biper frénétiquement. Du personnel soignant dont il ne distingue pas bien les visages se ruent en sa direction, le pressant de se calmer et de ne pas combattre l’intubation. 
Une pression de seringue plus tard Nikolaï tourne à nouveau de l’oeil. 



Il se sent partir, 

Et tout re-devient noir. 



Le second réveil se fit plus simplement que le premier. Pas de tube enfoncé au fond de sa gorge, pas d’électrodes qui lui tirent les petits baby-hairs près de ses tempes. Rien de ces choses agaçantes comme des fils collés de partout sur lui, le liant à des machines qu’il ne reconnait pas. 
Rien de tout ça, excepté une douleur diffuse. Diffuse dans ce qui donne l’impression d’être l’intégralité de son corps. Enfin.. ce qu’il en reste. Mais ça, il ne le réalise pas encore.


Ses parents apparaissent dans l’encadrement de la porte de verre trempé. 
Des visages crispés mais laissant apparaitre un sentiment de soulagement parfaitement palpable.
Mais que feriez-vous si l’on vous annonçait que l’on a dû vous amputer de vos deux jambes. D’un bras entier et de la moitié de l’autre ? 
Nikolaï lui, a essayé de regarder. Mais que d’un oeil. Car il en a perdu un également. En plus de la capacité d’entendre de son oreille gauche. 

Abasourdi et persuadé d’être dans un rêve, il essaye de se toucher le visage. 
En vain. Son bras restant ne va pas jusque là.
Il se redresse aussi difficilement que possible. Son père actionne la commande pour relever le haut de son lit afin qu’il se retrouve en position assise.
Une seule larme coule le long de sa joue alors qu’il aperçoit ce qui lui reste de son bras droit. 
Sa voix roque articule difficilement que ce ne peut pas être possible. 
Un médecin entre et le salue. 
Il l’observe de son unique oeil larmoyant.
Sa mère pose sa main sur.. son drap. Là ou aurait dû se trouver sa jambe. 
Vient l’heure des explications. 


Nikolaï souffre de dermo-hypodermite bactérienne nécrosante profonde. Maladie qui s’attaque à la peau puis aux tissus intermédiaires jusqu’aux muscles. Plus communément appelée «  Maladie mangeuse de chair » cette pathologie a pour stade final de faire nécroser les tissus, pouvant causer une gangrène ainsi qu’une septicémie. Et… La mort. 
En y repensant, il n’avais pas prêté attention à la petite plaie qu’il s’était faite avec son coupe papier deux jours avant son malaise.
Ses parents lui assurent qu’ils ont la situation bien en main et prendront en charge tous les frais nécessaires à son rétablissement $$$ 


Suite à ses explications, notre jeune homme sera hospitalisé durant deux ans, durant lesquels il subira un total d’une vingtaine d’opérations et de longs mois de rééducation.
Il sortira de la clinique, à 32 ans donc, avec :

- Deux jambes artificielles non améliorées développées dans le but d’être aussi réelles que possible ne serais-ce que dans l’aspect extérieur que dans leur fonctionnement interne et recouvertes d’un épiderme artificiel de dernière génération. 
Seulement, en cas de choc violent les « os » de carbon se rompront comme n’importe quel os. Et bien qu’artificiel, la douleur elle, sera bien réelle. 


- D’un tympan (gauche) artificiel, ayant perdu l’audition dans la bataille. Bien que de très bonne qualité, une détonation, un choc violent ou une fréquence trop élevée causera la panne temporaire ou totale du tympan.

 

- Un bras artificiel et demi. De composition un peu plus robuste que les jambes, Nikolaï se voit équipé du nec plus ultra des ‘améliorations’ disponibles. Mais celles-ci seront bien vites changées par des bras développés par l’armée.

- Un oeil artificiel informatisé de qualité honorable.

Effectivement, suite à toutes ces opérations, Nikolaï deviendra un rat de laboratoire après s’être fait approcher par un autre haut-gradé connaissant son père et lui faisant sans trop d’option de sortie.. Une proposition pour le moins étrange.

Durant 3ans, il subira un entrainement militaire poussé ainsi que de nouvelles améliorations portées sur ses bras et son oeil artificiel.
Hypérion a vu en lui un moyen d’envoyer sur le terrain un cobaye humain, testant des améliorations diverses.  

- Son oeil deviendra un outil à part entière. Nikolaï sera en mesure de trouver toute information disponible sur le Net, Mais aussi des celles que l’on lui a transmises. Il peut enregistrer des lieux, prendre des mini-clips vidéo et photos. L’oeil n’est pas capable de faire des zooms ultra puissants, ni voir à travers les murs. Il peut détecter des zones de chaleur de manière imprécise et est en revanche équipé de vision nocturne quand il souhaite la mettre en route.  L’armée lui a aussi offert une petite mémoire de type sd dont il n’a pas bien compris l’utilisation. L’accès se fait derrière son oreille gauche. Lorsque l'oeil est sollicité de manière prolongée, Nikolaï se voit être pris de violentes migraines. Suite à quoi il doit prendre quelques médicaments aux effets secondaires non énumérés par Hypérion.

- Bras gauche : L’omoplate est en alliage renforcé. Les os et articulations également. Dernière technologie en date, il ne nécessite pas de lubrification manuelle. Il se fait cependant réviser à chaque visite à l’institut médical militaire, tous les quelques mois en général. Se servant de l’électricité produite naturellement par le corps humain, ses bras ne nécessitent pas de chargement externe particulier mais il lui est possible de booster ses performances après une bonne charge ou quand il est en contact direct avec une source électrique. Ses bras sont en mesure de conserver cette électricité qu’il peut ensuite relâcher pour soit, lâcher une châtaigne, sonner ou neutraliser son opposant. 


- Deux de ses doigts possèdent des petites "piques » d’assassin, qui lui permettent d’empoisonner une cible de manière discrète.

- De sous son poignet et/ou depuis son coude deux lames sont rétractables. 
L’utilisation de ses lames est douloureuse car elles percent sa peau artificielle qui est nervurée comme une peau véritable et bien connectée à son encéphale.

' L'utilisation de ses aptitudes fatiguent Nikolaï aussi bien mentalement que physiquement dû aux douleurs parfois intenses qu'elles lui procurent, si bien qu'il s'en sert toujours avec parcimonie. Et par crainte également de les abimer, ce qui donnerait une nouvelle raison à Hypérion de lui mettre quelques coups de bistouri et de le garder bien au chaud quelques temps à nouveau. '

Depuis 10 ans, Nikolaï continue de développer des armes bio-chimiques pour Hypérion, ainsi que de leur servir de nettoyeur de terrain. En effet, le but de ce double-emplois est de garantir une couverture la plus cohérente possible à notre assassin biologiste qui ne retire que sa blouse de labo pour des hits bien déterminés. Ceux-ci ne sont pas spécialement rapprochés mais se sont vus multipliés au-cours des dernières années. Afin de ne pas se relâcher, il n'est pas rare de voir Nikolaï s'entraîner au tir aux armes à feu qu'il possède et se voit également attribuées lors d'assassinats bien particuliers mais aussi au cardio en pratiquant de la course régulièrement et de la musculation pour entretenir les muscles du dos, des abdominaux, les pectoraux ainsi que les muscles profonds.

***

4:27. 
Jeudi Matin.
An Xx—
L’oeil de Nikolaï se met en marche alors que celui-ci les ferment à peine après une nuit complète à plancher sur une nouvelle bactérie susceptible d’être utilisée dans un gaz pouvant anesthésier une population entière sur quelques kilomètres. - Rien que ça me direz-vous -
Les informations tombent,
Il ouvre son dossier sur la cible indiquée.
L’ordre est donné. 


Tant bien que mal notre assassin se hisse hors de son lit. Au contact stérile du sol froid de sa chambre sur sa peau artificielle, Niko ne peut s’empêcher de frissonner. Il s’habille de manière tout à fait classique. Un teeshirt gris foncé, un jean brut à sa taille, ni trop large, ni trop long. Une paire de chaussettes de tennis noires, des baskets toutes noires elles aussi.
Notre assassin passe devant la cuisine sans s’y arrêter puisqu’il avait pris l’habitude de ne pas manger avant une demande de nettoyage, résultat desquels, parfois… Indigestes.
Un coup de fermeture éclair plus tard, il enfile sa capuche après s’être engagé dans la rue encore assombrie par les dernières heures de la nuit.


Comme un jeudi, il s’agit aujourd’hui de se débarrasser d’un homme bien connu d’Hypérion. Un Homme qui d’après ses informations a été en contact avec des individus ‘hostiles’ à la société. Notre cible, bien qu’agée, serait susceptible de vendre des connaissances au-dit groupe hostile et donc de mettre en péril une branche d’Hypérion. 
Il ne faut surtout pas que cela arrive. 
Il ne faut surtout pas que la population s’en rende compte.


6:42
L’attente au coin d’une rue dans une cage d’escaliers. 


7:05
Promenade matinale. 
Ce qui est pratique avec les personnes âgées, c’est qu’elles ont quasiment toutes de petites habitudes bien encrées. Notre ancien officier avait pour rituel d’aller se promener avant de s’assoir à la même table du même café, de commander la même chose et de rester exactement 42 minutes assis à lire les informations matinales. La seule nouvelle variante de cette routine était qu’il allait -bien entendu- rencontrer quelqu’un qu’il aurait finalement aimé de jamais rencontrer.

L’une des grosses parties du job de nettoyeur, est de bien connaitre les habitudes d’une cible avant de s’en occuper. 
Le travail doit être fait proprement et de manière minutieuse lorsque la mission n’est pas de type Urgente, comme celle d’aujourd’hui. Après 3 semaines de repérages discrets, Nikolaï avait enfin matière à s’en occuper le plus proprement possible. Ces observations partent de la simple habitude mécanique jusqu’aux traits de caractère et attitude envers son prochain.
Officier - militaire - sérieux - discipliné - serviable - dévoué.


7:12
L’officier s’engage en direction de sa table habituelle. 
Nikolaï s’engage face à lui. Fait mine de trébucher.  
Le vieil homme l’aide à se relever.
Nikolaï lui attrape le bras et se redresse. 
La pointe empoisonnée prête, il remercie l’ancien officier avec une tape sur l’épaule et un demi sourire. Le poison entre en contact avec sa peau sans une once de difficulté.
Le retraité lui sourit puis lui souhaite une bonne journée avant d’aller se poser à sa table et commander sa boisson matinale habituelle. 


7:39
Le poison est passé dans son système sanguin. 
Le vieil homme se met à tousser. 
Arrêt cardiaque.
A quelques mètres de là, Nikolaï assiste à la scène sans sourciller.
Deux clichés plus tard, il se gratte la paupière gauche. 
Son oeil lui indique que la cible est éliminée. 




8:00
Arrivée au Labo, Nikolaï enfile sa blouse et se remet à son poste. 
Son ventre gargouille. 
Il se dit que ce matin, il aurait peut-être pu se permettre de manger.