Encore heureux il en avait rien à secouer qu’elle surveille son boulot, c’était un deal royal pour lui de venir exercer sa profession dans les quartiers de la reine. Lynchwood était un trou à rats, dangereux, sale, mais ici, il pouvait se faire un cabinet aux oignons. Ou aux champignons quand on connaissait l’état de la pièce qu’elle lui réservait, mais malgré tout, Svetlana lui faisait une offre qui se refusait pas. Surtout quand elle mettait, littéralement, son cul dans la balance. Ils étaient pas nombreux ceux à qui elle offrait ce petit bonus, Drake avait pas été aussi chanceux, Mortimer la regardait encore avec des yeux de merlan frit en espérant pouvoir prétendre à ce bonus fidélité tout en sachant que ça arriverait jamais de son vivant ni de sa mort.

La blonde l’amena donc vers cette remise miteuse qu’elle lui offrait de bon cœur, ironie quand tu nous tiens, le laissant prendre connaissance des lieux et du boulot qui l’attendait s’il voulait en faire un cabinet décent. Pour l’heure c’était un enchevêtrement de trucs dégueulasses. Svetlana, tout en étant elle-même, chercha à valider une nouvelle fois qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle avait pas l’envie de voir débarquer une troupe de cons ou Hyperion ou des rebelles dans son repaire un bon matin. « Svetlana Petrova n’a qu’une parole. » souffla-t-elle en esquissant un sourire, ravie de voir que Artner en avait dans le pantalon pour lui répondre. Ça manquait par ici les hommes avec des couilles, en réalité le seul autre qu’elle avait croisé dans ce genre c’était ce con de Drake, sinon son expérience lui soufflait que les femmes étaient bien plus couillues. « Parfait, les emmerdeurs ça m’connait. » En réalité c’était surtout les abrutis qu’elle connaissait mais après son deal avec Drake, elle pouvait dire que les emmerdeurs commençaient à devenir un hobbie certain.

Le cow-boy s’éloigna finalement, sa remarque lui arracha un éclat de rire puis une mine passablement effarouchée. C’était qu’il prenait la confiance le garçon, Svet gloussa. « Tu regretteras peut-être ce geste Jacen ou peut-être pas … » Se permettre de claquer le fessier royal de Petrova, c’était pas donné à tout le monde, ça promettait, et sans plus de cérémonie elle le laissa à son rangement et son nettoyage. De son côté Lana alla terminer sa manucure et attendit patiemment l’heure de la consultation. « Dame Petrova, j’ai une question. » « Quoi Bob ? » « Vous comptez vraiment garder le doc ? » « Bien sûr, je n’ai qu’une parole, tu devrais le savoir  toi aussi, sans mon honneur tu serais sans doute mort la tête écrasée sous un chariot de marchandises mon petit Bob. » « Mais pourquoi ? D’abord Drake Anderson, maintenant le doc … Vous êtes suffisamment grande et brillante pour régner en solitaire … » Le rondouillard lui arracha un soupir et un sourire presque attendri. Il était con mais il était pas si con. « Garde tes alliés proches de toi et tes ennemis plus proches encore, Bob, tous autant qu’ils sont ils n’hésiteront pas à tenter de me faire chuter, je m’assure d’avoir des alliés et de surveiller les cons qui tenteraient de me renverser … Quoique si tu veux mon avis, Artner risque de tenter de me renverser mais … pas dans c’sens là … tu vois c’que j’veux dire Bob ? » La blonde se marra toute seule avant de relever la tête en entendant de petites explosions. C’était quoi c’bordel encore ?

Le bruit semblant provenir du local confié à Artner, Petrova se leva de son trône, bousculant au passage Bob qui s’excusa d’être sur le chemin, pour rejoindre ce bon vieux docteur. Son regard clair balaya la pièce et d’un geste ample elle frappa dans ses mains. « Quel travail impeccable, on oublierait presque qu’ils ont tous ramené trois ou quatre putes chacun dans ce taudis. » La porte claqua dans son dos et la blonde vint poser son derrière contre le bureau. « Alors docteur, si l’on passait aux choses sérieuses ? » Oh il comprendrait sans grand ménagement à quoi elle faisait référence mais juste au cas où, Svetlana saisit sa main pour l’attirer vers elle et lui ôter son chapeau, le côté rodéo c’était pas son délire. En deux temps trois mouvements, la ceinture du cow-boy rejoignit le sol, la suite ? Oh voyons même vous bande de moules écervelées vous pouvez l’imaginer, les grenades ne furent sans doute pas les seules explosions de la journée dans cette infirmerie de fortune.

Est-ce que c’était une brèche dans la relation patient-médecin ? Est-ce que si ça l’était Svetlana en avait réellement quelque chose à foutre ? Non. La blonde ramassa ce qu’elle trouva de fringues lui appartenant dans l’infirmerie de fortune, qui pour l’instant payait toujours pas de mine même si elle avait meilleure gueule qu’avant, levant le nez vers Artner qui lui tendait son soutien-gorge. Petrova lui arracha des mains, presque comme un chat sauf qu’elle feula pas. « Tu avais des doutes … j’étais obligée de te prouver que j’avais raison. » Et que sa confiance en la matière était pas due au hasard mais bien à des années d’expertise. Sa mère aurait été fière d’elle ? Meh.

Un à un, elle renfila les vêtements ôtés dans l’empressement, lançant quelques œillades fières à Jacen. Il se rappellerait de son passage ici et de son entretien avec Svetlana Petrova, c’était généralement le cas, mais là il repartait avec quelques petites marques en plus. Un petit souvenir qui resterait gravé dans sa peau. La blonde en gloussa en ajustant son tailleur. « Merci pour le diagnostic docteur. » souffla-t-elle d’un air presque sérieux avant d’éclater de rire et de s’allumer une cigarette, fumée directement sans son porte cigarette cette fois.

Le cow-boy allait partir, après tout la négociation était terminée, mais il ajouta quelque chose. Ses billes claires restèrent posées sur lui, se dirigeant finalement derrière elle sur le bureau où elle avait posé son cul. Une liste, très bien. « Bien, bien, je m’assurerai que quelqu’un récupère tout cela et que tout soit prêt pour ta prochaine visite. » Petrova voulut détailler la liste d’un regard mais elle comprenait rien à ce qu’il avait noté, les mots avaient aucun sens pour elle, alors autant laisser ça à … à qui d’ailleurs ? Elle soupira, elle allait devoir trouver Eugene Daft, c’était sans doute l’un des seuls dans ce bled capable de comprendre ça, ou alors peut-être Zarana, elle était pas bête la frisée.

« Prends soin de toi cow-boy, reviens en forme. » Elle lui souffla un baiser auréolé de nicotine avant de le laisser partir. Voilà qu’maintenant elle avait du boulot, enfin elle avait du boulot à confier aux autres. « BOOOOOOOOOOOOOOOOB !! » Le grassouillet rappliqua en sueur, le souffle court, à son grand dam pas pour les mêmes raison que sa très chère reine. « Oui Dame Petrova ? » « Range un peu cette pièce veux-tu, et ensuite vas me trouver Daft, j’ai besoin de quelqu’un qui sache lire … » C’était pas vraiment son cas ni celui de ses gars, alors autant pas perdre de temps. Ce partenariat devenait subitement plus chiant, mais elle avait pris son pied alors la blonde allait pas vraiment se plaindre, et si Artner lui rapportait autant d’argent qu’il le promettait, ça vaudrait le coup.