Lorenzo Barcksdale, c'est mon nom. Et ça depuis l'année x202, l'année où je suis né, troisième et petit dernier d'une fratrie. Une grande soeur âgée de plus de 5 années que moi, là où mon grand frère n'en avait qu'une seule de plus. Si je dois décrire cette enfance, auprès d'eux, auprès de mes parents, je dirais qu'elle a été chouette.

Dora était une grande soeur adorable, elle prenait soin de Diego et moi... Assez souvent puisque maman était dépressive. Certes, ça en fiche un coup au tableau de l'enfance de rêve, mais elle s'est toujours caché, nous a toujours caché son mal-être... Mais on ne cache rien à des enfants, ils ressentent les choses. Dora nous a en quelques sorte protégé de tout ça. Pour ce que je sais de papa, il était souvent occupé au travail, responsable marketing d'une start-up affiliée à Hypérion, il était assez peu à la maison mais subvenait à nos besoins alimentaires et... D'après lui, c'était le principal. Autant dire qu'encore aujourd'hui, à part les viandes exotiques qu'ils faisaient venir des autres planètes et qui étaient succulentes, je n'le connais que peu. On a jamais vraiment noué de relation... Mais j'en fiche bien de ça de toute manière. Vous allez comprendre pourquoi.

Parce que même quand il était présent, papa, c'était pas le genre d'homme à montrer son affection, il préférait passer son temps devant la télé, avec sa bière à se détendre pendant que maman tenait sa routine, nettoyage, cuisine, s'occuper de nos jolis trognes de marmots quand elle avait assez de force pour ne pas rester sous la couette, shooté aux anxiolytiques, ainsi allait la vie... 

Ainsi coula-t-elle, jusqu'à mes treizes années, Diego en avait 14, Dora... Elle atteignait enfin sa majorité. Enfin oui, sans savoir si elle passerait la vingtaine...

C'est quand Dora fût atteinte, diagnostiquée de cette maladie des poumons que papa se mit à l'alcool. Nous battant, Diego et moi, à l'occasion, criant sur maman mais toujours aussi adorable avec Dora au vu de sa maladie, de son affection particulière pour sa seule fille.

Etait-ce d'ailleurs l'alcool ? Ou l'envie de sauver ma soeur ? Lorsqu'à 14 ans, il me proposa de rejoindre un internat particulier disait-il... Un internat qui, si j'acceptais d'y entrer, offrait à mon père, les fonds nécessaires pour sauver les poumons et la vie de mon aînée, cette fille que j'aimais tant... Alors, malgré mon jeune âge, la situation, mon géniteur et son verre de whisky face à moi, m'expliquant, m'implorant presque d'aller étudier à Opportunity pour que Dora survive, j'avais hoché la tête de haut en bas sans sourciller... Je ne savais pas encore ce qui m'attendait, là bas...

Année x217, j'ai 15 ans aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Seulement, pas de fête, pas de copains, pas de gâteaux... Non, juste, comme depuis bientôt deux ans, ce scientifique qui tente de m'injecter de l'éridium en me le tatouant sur le bas ventre. Les mêmes douleurs, la même peine... Le même sentiment de trahison en pensant à ma famille, au fait que jamais je ne verrais Opportunity finalement, ce n'était qu'un mensonge.

Année x218, j'ai déjà fêté mes seizes ans il y a deux mois, dans les mêmes conditions, sauf que cette fois-ci, j'ai eu droit à un vrai goûter, avec le reste des garçons survivant. Probablement pour nous changer les idées, les autres cobaye et moi même vieillissons, nous rebellons et ça n'plaît que peu aux scientifiques. L'un d'eux est plus vieux que nous. Il s'appelle Murphy...

Murphy, il est là depuis le début. Murphy, il a survécu. Comme tout ceux présent à ce goûter. Murphy, il a acquis un pouvoir et sait que si nous sommes encore vivant, présent, c'est que chacun de nous aussi, nous en avons ou nous sommes proches d'en avoir. Alors pendant ce goûter, la discussion s'était vite orientée sur des paroles qu'il avait entendu de la part de nos bourreaux. Oui, car, comme vous pouvez le deviner, je ne suis pas en internat, mais dans un centre spécialisée, dans un laboratoire d'Hypérion où, comme d'autres garçons, je sers de cobaye pour des expériences douteuses dont je ne connais même pas le but.

Deux mois passèrent et un soir, ou plutôt, lors d'une nuit, l'alarme de la structure se mit à retentir, puis, quelques secondes plus tard, Murphy se pointait dans ce qui me faisait office de "chambre". Une cellule plutôt... Mais toujours était-il que le jeune homme avait pris une décision. Nous faire fuir. Tous autant que nous étions.
J'avoue ne pas avoir cherché à comprendre et l'avoir suivi sans me poser de questions. Je me souviens encore de mes camarades, la trentaine que nous étions à courir à travers la cour intérieure, sous le feu des balles de soldats d'Hypérion, avant d'enfin pouvoir sauter la grille, continuer de courir, loin, vite, le plus loin possible.


Voilà maintenant plus de six mois que nous avions fuit le "centre". Sur la trentaine d'enfants, ne restait que Murphy, moi et cinq autres garçons. Les autres étant décédés sous le feu des armes ou rattrapé par les miliciens à nos trousses avant de traverser le grillage. Si ce n'était Murphy, les autres étaient tous plus jeunes que moi, du haut de ma septante qui pointait bientôt le bout de son nez, faisant presque de moi un majeur...

Notre petite bande vivait à l'intérieur d'une grotte préalablement investi par Dahl... Quelques portes enfoncés dans la roche portant le logo de cette société ne laissant pas de doute à ce sujet. Nous survivions grâce aux dons que nous avions développé pour quatre d'entres nous. Murphy nous nourrissait, de par ses talents de chasseurs, sans qu'on sache comment il pouvait en savoir autant sur la traque de la faune sauvage de Pandore. Tout ce que je savais, c'est qu'il aimait quand mon pouvoir personnel se déclenchait sans l'affecter lui... Il y avait une sorte de connexion entre lui et moi. Son corps créait de minuscules morceaux d'os qui ne cessait de dépasser de sa chair mais dont il avait appris à se débarrasser, comme des armes, en expulsant ces pics osseux dans la chair de ses proies... Il était entraîné... Contrairement à moi. Mais en duo, nous étions innarêtable. C'est ce lien qui m'a poussé à commettre mes premiers méfaits. Quelques larcins en plus de la viande ne faisait qu'aider à remplir davantage nos sept estomacs.

Autant vous dire que lorsqu'il s'est fait mordre par malheur par un skag... A la dentition corrosive... Au point de le faire tomber malade et que nous le voyions tous mourir à petit feu. J'avais décidé d'arrêter d'être son second. Ou plutôt, je m'étais efforçais de prendre sa place, pour le bien des autres. En tant qu'aîné de la troupe, je me devais de prendre mes responsabilité, faire preuve de charisme et prendre les choses en main à sa façon. Sa vie était déjà terminée, il ne restait qu'à lui rendre ce qu'il nous avait offert, sa liberté, en l'accompagnant dans la mort comme il nous avait accompagné... Dans la vie ? Pour que nous vivions ! Son agonie avait duré une semaine mais il avait fini par s'éteindre, heureux, me laissant le flambeau et des tonnes de conseils en tête.

Nous étions restions fidèles, les uns aux autres, en l'an x225. Toujours dans la même grotte, toujours attentif aux allées et venues dans les plaines désertiques nous entourant, dans ces canyons des Dead Sands. Il avait fallu que je me batte, pieds et mains après la mort de Murphy, ça avait été bien plus difficile de gérer le groupe mais j'avais appris à user du charme de l'éloquence pour réunir mes camarades autour de moi, éviter leurs protestations.

Le jeune adolescent que j'avais été, n'était plus. Le jeune second non plus. J'avais maintenant dix neufs ans et j'étais adulte et responsable de cette petite bande de jeunes. Du moins ce qu'il en restait. Après Murphy, c'était le plus jeune d'entre nous Aaron, qui avait succombé, bizarrement, étrangement, sans explication, nous avions retrouvé son corps gelé un matin, les lèvres bleus, le coeur arrêté sans aucune explication...

Ne restait donc que moi et les autres survivants du centre. J'avais dû prendre exemple sur mon prédécesseur, jouant sur les mots, restant évasif sur certains sujets pour mener une barque déjà bien chaloupée. Enfin, bancale. Les quatre autres gamins m'écoutaient, mais ils étaient encore jeunes et nos activités, devenus plus que douteuses. Sans Murphy et son don, j'avais dû remanier nos priorités pour manger et certains de mes seconds avaient fini par découvrir le don que leur avait offert tout ce que nous avions subi. J'étais donc reparti d'abord sur les quelques larcins commis avec notre défunt ami et sauveur....

Désormais, de simples chasseurs fugitifs, nous étions devenus une jeune bande de raiders, volant, dévalisant à foison les habitants du coin, les voyageurs pour subvenir aux besoin du groupe que je menais d'une main de fer. Ou plutôt, avec un phrasé de fer. Tout était dans la parole. C'est ce qui me permettait de nous garder soudé après toutes ces années, après avoir découvert, qui était qui, réussissant à accorder chaque personnalité de ce groupe peu commun. Beaucoup rêvait de retourner dans leur famille, tout comme moi, mais la vérité était là, elles nous avaient vendus et nous ne pouvions compter que sur nous même. Notre famille, c'était nous.


Un an bientôt que nous survivions grâce à tout ces méfaits, sans se douter, que dans l'ombre, quelqu'un avait repéré notre présence, notre repaire. Quelqu'un que nous avions dû mettre de travers, quelqu'un qui avait les moyens de payer une bande de mercenaires pour les envoyer liquider le problème.
Une année qui m'en apprit plus sur mon pouvoir, je savais, qu'il m'était incontrôlable, que le temps pouvait se figer autour de moi sans que je ne le veuille. C'est d'ailleurs grâce à ça que je suis encore vivant. Alors que nous dormions, lorsque cette bande déterminée avait débarqué dans la planque, celui-ci s'était tout simplement activé... Vous voyez ce que ça fait de vous réveiller et d'avoir une balle, figée à quelques centimètres de votre tête, vous rendant compte que vous veniez de manquer d'y passer ?

Tout ce que j'avais pu voir, c'était les autres balles, figées dans l'air, qui volaient également, en direction des têtes de mes camarades endormis, observer ce massacre avant qu'il n'ait lieu... Impuissant. Impossible de toucher les balles, de dévier leurs trajectoires... Impossible et quand bien même, que feriez mes frères de fortune face à vingt hommes armés jusqu'au dent.
J'avais tout simplement fuit en comprenant que je ne pouvais rien y faire. Les balles étaient trop chaudes et les hommes, trop nombreux. Moi, pas assez entraîné pour comprendre comment éviter la mort des miens. C'est les larmes aux yeux que je fuyais le plus loin possible pendant que le monde ne tournait plus. Entendant enfin les rafales une dizaine de minutes plus tard, après avoir pris de l'avance sur des assaillants qui se lanceraient surement à mes trousses en remarquant l'absence de ma cervelle sur les murs de la grotte... Ma fuite.


Palm Springs Revival, en l'an x229.... Début d'année sous le soleil. Enfin, si tant qu'il y en ait malgré l'endroit pour la saison. Un début d'année, loin de l'autre bout de la planète, loin des souvenirs qui me torturaient encore l'esprit, me faisaient faire des cauchemars horribles, me réveillant encore en pleine nuit, le corps enduit de sueur, à l'image que j'avais évité, des crânes de mes camarades explosées par des balles creuses.... Loin de tout ça mais encore sur les lieux dans mes songes...

J'y avais fait mon trou depuis bientôt six mois. J'y étais en sécurité. Si j'avais bien appris une leçon, c'est qu'il fallait se montrer plus malin que tout le monde sur cette planète. Anticiper les réactions, ou futures réactions impulsives ou non de chaque pandorien. C'est ce qui permettait de rester en vie.

Un mois à écumer les casinos, les bars et toutes les autres lumières de la côte pandorienne, perdus dans des souvenirs à la fois heureux et malheureux... On avait vécu de bons moments avec les gars, après avoir vécu l'enfer. Mais l'enfer nous rattrapait toujours... Et ses démons venaient vous achever la nuit. Physiquement ou psychologiquement... C'était du pareil au même, je sentais le vide, à l'intérieur, de plus en plus, je regrettais de ne pas y être passé non plus ce soir là, par moment.

Je commençais à déambuler sans but après des mois, à mener la même routine. L'alcool, le jeu et les femmes. Il y en avait parfois qui avaient de jolis formes, d'autres qui me passionnaient... Et de rares, qui avaient ces deux choses pour elle à la fois... Comme Phoebe. Un ange tombé du ciel, rencontré lors d'une partie de black-jack. C'était une fille fun, nature, qui connaissait ce monde qui m'échappait, là, où je n'avais connu que cette enfance heureuse, puis ce "laboratoire/prison" avant de finir par n'être qu'un marginal. Second puis leader d'une bande de marmots perdus... Rien, au final, un incapable. Incapable de les avoir sauvés. Mais, elle, elle me donnait une image optimiste du monde et une meilleur de moi-même.

Alors en quelques mois, nous nous retrouvions à nous aimer, à commencer à imaginer un monde meilleur ensemble, loin d'Hypérion, de la gronde naissante au sein du peuple; Nous nous associons pour le pire et le meilleur, commençant à imaginer plan sur plan, tantôt à discutailler avec quelques badauds de passage, pour rien parfois... Tantôt pour peu, avant de finir, après quelques semaines, à réunir une première équipe. Elle avait ses idées, j'avais le bagoût, la prestance pour les présenter et convaincre ces gens de me suivre comme lorsque... Enfin, cette époque était révolue. Il s'agissait juste d'utiliser ce don, ce talent que j'avais pour verbaliser les choses, ma gestuelle au point d'endormir mes interlocuteurs.

C'est comme cela que tout avait démarré... La belle et le jeune homme perdu... L'oncle expérimenté et de bon conseil pour nous briefer comme il se fallait. (Oh, je ne vous ai pas raconté que j'avais retrouvé le frère de ma mère ?) S'assemblant pour commettre des méfaits avec une équipe qui ressemblait déjà presque à une famille, une seconde encore, qui m'évitait de penser à celle qui m'était de sang et m'avait lâchement abandonné... Non. De mon sang il n'y avait qu'Ilyas, autant que dans mon coeur, il y était avec celle-ci, ce petit groupe que nous avions réunis pour monter ce coup, c'était eux qui étaient devenus ma nouvelle famille en quelques semaines. Eux et ma beauté.... Ma Phoebe.


Premier casse à quatre membres, sans en perdre un seul, ainsi naissait les rakks blanc sans encore en porter le nom. Puisque nous avions recommencé après ça. Lorsque quelque chose réussit, forcément, l'envie de recommencer est plus forte. Nous nous diversifions juste, en accord avec ma belle, sur de nouvelles stratégies pour gagner des crédits, enlèvements, assassinats ? Après tout ça, nous n'étions plus à ça près... De nouveaux membres, fidèles, prêt à nous suivre dans cette aventure folle ? Là aussi ! Nous en avions même besoin pour mettre en oeuvre tout nos ambitions.

C'est d'ailleurs en allant s'planquer vers Safe Haven après ces premiers coups réussis que la bande s'agrandit petit à petit. De rencontres en rencontres, de missions en missions. Nous nous agrandissions, plus perdurions et rien ne pouvait plus nous arrêter Phoebe et moi. Rien ne pouvait plus m'arrêter.

Planqué dans les environs pendant six mois, à fréquenter le Patsy Barbitrurics chaque soir, nous effectuions quelques contrats de mercenariats, histoire de nous faire oublier et d'élargir nos horizons. De financer plusieurs véhicules caravaniers après avoir réussi à réunir une bien belle bande, au fil des jours, au fil de ces quelques mois, où chacun avait sa place, son talent, son travail, pour le bien de cette petite communauté qui devint au fil des mois, après notre avancée vers les Frozen Wastes à la recherche de nouveaux clients, un groupe de mercenaire soudés. Une seconde famille... Une famille qui ressemblait presque à celle que j'avais eu avec Murphy et les autres.

Comme lors de ma jeunesse, nous vivions les uns pour les autres. Nous partagions à part égales les butins des contrats et braquages effectués, sans qu'aucun d'entre eux ne soient laissé pour compte. C'est comme ça que j'avais fait de ces pandoriens, tous différents, pauvres, riches, aux histoires différentes, une famille ! J'utilise beaucoup ce mot mais... Il me tient à coeur. Qu'elle soit de coeur ou de... Surtout de coeur, il n'y avait rien de plus important et j'avais décidé d'appeler la mienne, "Les Rakks Blancs".

Les Rakks Blancs ! D'où venait ce nom ? Ca, j'en avais le souvenir. Comme la tête de celui qui nous trahirait plus tard en montrant du doigt une nuée de ces maudits dragonnets nous surplombaient donc l'un, portait une couleur pour le moins original. Quelque chose que l'on voyait peu sur Pandore.

- Un Rakk Blanc... Dîtes... C'pas mal ça, comme surnom. Les rakks blancs ? Vous en pensez quoi ?

Evidemment, il suffisait d'un mot de ma part pour que toute la petite bande suive. Ça avait égayé notre chemin, ce jour là, cette petite discussion autour d'un nom pour nous désigner, tandis que nous allions nous implanter jusqu'à la côte inverse de la planète, il y avait des contrats à réaliser et nous avions fait notre temps dans les autres coins de Pandore, nous nous étions taillé une réputation. Assez mauvaise parfois pour que le visage de certains des miens finissent placarder dans les villes... C'était toujours dans ces moments qu'il fallait décarrer, vite et loin. Pour que l'entourage que je m'étais créé perdure et que personne ne soit amené à nous quitter. Que quelques manières que ce soit.

"Les rakks blanc... Chouette surnom pour une chouette famille."


La sécurité des miens, leur bienveillance à mon égard, c'est tout ce qui comptait. En l'an x230, début de l'année, malgré le soleil, il fait froid pendant les nuits dans le désert. Notre campement est pourtant bien protégé, surveillé. Chacun connaît son rôle et l'heure des roulements. Mais ce soir, quand j'en fis le tour... Quelque chose me tracassait, comme un pressentiment.

- Oncle Ilyas ? Liam ? Vous avez entendus ?

Liam, c'est un nouveau membre, il nous a rejoint il y a... Quoi ? J'en sais rien. Un an , un peu plus peut-être. En tout cas pas moins. C'était un type fiable, il l'avait prouvé et qu'il passe de plus en plus de temps avec le seul sang qu'il me restait et avec qui il s'entendait comme cul et chemise, ça m'faisait autant plaisir que ça augmentait l'estime que j'avais pour le bonhomme. Aujourd'hui, quelque chose me dit qu'un nouveau drame va se passer néanmoins... J'ai comme un sale pressentiment !

Faut dire qu'on s'est attaqué à un fourgon estampillé Hypérion quelques jours plus tôt, en étant conscient que la société rigolait pas mais on était "les Rakks Blancs" non ? Rien ne nous semblait impossible tous ensemble. Pourtant, la dizaine de secondes où le temps sembla se figer comme ça m'arrivait de temps à autres, le dernier bruit que je semblais avoir entendu, c'était celui d'une sécurité qui s'était désactivé et j'avais la totalité des membres de mon groupe dans mon champ de vision... Sauf un... Lui... Et lorsque le temps reprit son cours, je sentis un coup vif, un bout de métal froid s'écraser dans ma nuque, me faisant perdre connaissance..

....

A mon réveil. Le camp, nos véhicules alignées en un cercle parfait, c'était le camp que j'avais quitté avant de tomber inconscient, si ce n'était, qu'aucune rocheuse ne nous surplombait, nous étions en plein soleil. C'était la même disposition de camp finalement mais nous avions bougé... Il manquait des véhicules et il me manquait..

- Phoebe... Phoebe ! PHOEBE !!!

Peinant à me redresser, me hissant avec difficulté sur les fesses, dos cambré en arrière après trois mouvements de coude, l'esprit encore embrumé, je captais le regard de chacun des membres présents, des alentours... Tout avait bougé. Le cercle était beaucoup moins régulier, carré que le précédent entre les véhicules qui nous servaient de logement. On était pas là par hasard, pas là pour rien. Ca avait forcément un rapport avec mes derniers souvenirs !

Phoebe n'était plus là. Elle m'aurait répondu sinon ! Jamais elle ne m'aurait laissé paniquer comme ça ! Il manquait... Du monde. Et le visage des restants semblaient si. Éteints ?

C'est le petit Timmy qui s'était approché de moi le premier, tandis que je tentais de me redresser, mouvement de coude après mouvement de coude pour pouvoir observer les autres, ce camp de fortune qui n'était pas celui que j'avais quitté et dépeindre chacun des restants... étaient... douloureux.

- "Calme toi Lorenzo, c'est... Hypérion. Tu avais raison quand tu disais à Phoebe de ne pas les attaquer... Liam a été capturé. On pense en tout cas... John est mort, Cat et Sis ont disparues toutes les deux... On a tous fuit du mieux qu'on a pu. T'es resté dans le coma longtemps et Phoebe elle..."

D'un geste sans douceur, j'attrapais la main qu'il avait délicatement posé sur mon épaule, la serrant avec vigueur et une amertume qui ne lui était pas destiné...

- Elle a quoi ? Elle est où putain ? Me dis pas qu'ils l'ont buté ! Me dis pas ça !

Personne ne devait me reconnaître pour le coup, personne. Mais il s'agissait de Phoebe, de mon groupe. D'un moment qui m'avait échappé et semblait avoir fendu en deux le moral de chacun de mes... subordonnés ? Non, frères, soeurs... Ceux qui restaient.

- Comme Cat et Sis, on l'a vu fuir... Mais on est presque sûr qu'elle s'en est sortie... Lâche moi s'il te...

De nouveau, peut-être au bon, peut-être au mauvais moment mais le temps s'était de nouveau figé et je décidais d'en profiter cette fois-ci. Pour enlever la prise qu'avait reprise le jeune homme sur mon épaule et prendre le véhicule le plus léger, sans rien embarquer. Si ce n'était de quoi me faire justice. Tout ce qui comptait pour moi, c'était de retrouver Phoebe, puis les autres...

J'ai besoin de certitude... Pas d'un "elle est peut-être".


Après deux mois de recherche, deux mois où, entre temps, ma fuite avait dissout par la même occasion mon groupe, parce que j'avais été trop égoïste, trop... impulsif en les ayant abandonné lâchement pour tenter de retrouver une Phoebe dont il ne restait aucune trace. Comme d'eux à mon retour.

J'errais alors sans but de long en large de Pandore. Perdant la raison, à la recherche du moindre indice... Pour finir par abandonner lâchement. Le traître avait tout fichu en l'air, j'avais tout fichu en l'air...


An x232, le présent... Mon présent... Tout a bien changé depuis la glorieuse époque de la bande des Rakks Blancs. Le leader charismatique et choyé, respecté et écouté par la tr famille que je m'étais faite, n'était plus que l'ombre de lui-même. Un simple petit vendeur en prêt-à-porter dans une boutique de costumes chic d'Opportunity. De nouveau... Un simple pandorien, comme les autres.

Si vous vous demandez pourquoi je n'ai pas cherché davantage les rakks ? Parce que j'avais honte. Honte de ressouder un groupe que j'avais lâchement abandonné après une trahison que nous avions tous subi de plein fouet. Qu'il serait malvenu de tenter de réunir la bande et d'imaginer une quelconque vengeance alors même que j'étais parti me faire justice moi-même, oubliant le principe de notre bande. Tout partager ... Alors, démuni, j'étais retourné la où ma vie avait commencé, là où ma vraie famille, de sang résidé mais m'avait... Oublié.

Une petite vie bien rangée comparée à celle que je menais avant. Une petite vie peu satisfaisante pour l'homme que j'étais devenu. Seulement, je ne perdais pas l'espoir de retrouver la dernière famille que j'avais eu avant tout ça après avoir croisé ma grande soeur de sang dans ces rues... Sans même qu'elle ne me reconnaisse. Oublié je vous disais. Alors même si ça me pinçait le coeur quand je les croisais en ville, je préférais ignorer cette famille qui m'avait sacrifié. J'en avais une autre, c'est elle qui me manquait.

Non ce qui comptait, c'était Phoebe, et le reste de la bande. J'avais appris par un indic que certains de mes anciens camarades s'étaient lancés à la recherche des Arches. Peut-être eux aussi recherchaient-ils à retrouver notre gloire passée ? D'autres avaient rejoints la rébellion ? Peut-être que pour leur part, c'était ce côté familial, qu'il y avait chez nous, qui leur manquait. L'impression de faire partie d'une équipe au but similaire...

Je n'en savais rien, mais ma motivation personnelle, me permettait de me lancer à mon tour dans les pérégrinations et les lectures concernant ces artefacts, préparant quelques missions, sur des bouts de papiers pour le moment. Ou encore à écouter chaque soir, les rediffusions des informations de Mal'Ondes, en attendant l'heure, le moment, le courage de me relancer pour... Peut-être les retrouver ? Qui savait ? La retrouver ?

La caravane qui me servait d'habitation, là où je vivais en ermite, le soir, avant de rejoindre Opportunity, le jour, pour amasser ce salaire conséquent pour ce boulot ennuyant était presque prête... Prête à repartir pour l'aventure. Seul, certes, je ne doutais pas de finir par retrouver les miens. J'avais noté chaque piste, chaque détail qui semblait parler d'un membre de mon groupe, à la télé, sur les ondes, dans les feuilles de choux...

J'avais déjà une première piste de toute façon. Je savais où me diriger en premier. Miss Patsy Redmington. Elle devait bien avoir revu certains des miens ?