Journal de Edward Jackson Lockner : Entrée 01
L’enregistrement prend quelques secondes avant de commencer à capter du son, bien plus à cause du silence que d’un soucis technique.

“Bon. Par quoi commencer? Je suis Edward J. Lockner. Chasseur de primes au service de la “Splendide” corporation qu’est Hyperion. On m’appelle Ed le borgne, Ed l’estropié ou Ed l’amoché quand on ne tient pas à sa propre jambe. Je déteste les surnoms. Les types de Pandora sont bizarres. Absolument tous, et ce depuis des lustres. Même depuis la mort du beau Jack, il y a un siècle. Ils étaient encore plus barjos du temps de ce connard divinisé, mais ça reste que l’ambiance de Pandora est celle d’un asile.”

L’interlocuteur cherche ses mots un moment avant de prendre une gorgée d’un alcool quelconque, puis continue son récit.

“Les gens me croiraient probablement pas si je disais ce genre de truc, mais la vérité, c’est que je bosse pour Hyperion et que je fais leurs sales besognes. Je suis payé pour me fermé la gueule, bien plus que pour le boulot que je fais. Donc de la sorte, je ne côtoie pas monsieur madames tout le monde. Évidemment que NON, mon boulot est soit de dézingué des gens, de faire disparaître des trucs, de voler des trucs, ou de buter encore PLUS de gens. En fait, monsieur madame tout le monde, ce sont eux mes cibles. Soit parce qu’ils en savent trop, soit parce qu’ils sont rebelles, ou ainsi de suite. On m’informe pas des raisons, la plupart du temps, mais je suis pas complètement stupide non plus, chose que les gros bonnets d’Hyperion ont tendance à oublier. Je suis capable de différencier une brute épaisse d’un comptable, et j’ai tué plus d’hommes d’affaires que de tueurs génocidaires. Tout ça pour dire que les gens que je côtoie au quotidien, c’est pas des personnes normales. D’autres chasseurs, des gars du marché noir, des chasseurs de l’arche, et un Claptrap. Drôle de tableau, mais ça reste que honnêtement, je dirais presque que ceux qui me font le plus flipper sont les gars d’Hyperion. Comment ils peuvent se permettre de se sentir aussi parfaits et justes alors que… Bah je fais mon boulot. Juste le fait que moi et mes collègues existons est un non-sens vis-à-vis leur petit code.”

Un raclement de gorge sommaire, puis une gorgée de son verre, puis il continue.

“Remarque, je devrais pas chialer comme une fillette non plus, je me fait des couilles en or, à faire ça. Bordel, je peux descendre un mec depuis un toit, avec un pistolet et sans lunette de visée! Moins encombrant qu’un sniper, quand même. Ça empêche pas non plus que je suis borgne pendant au moins une heure ou deux de l’oeil droit, ce qui m’empêche de viser correctement tant et aussi longtemps que mon implant ne s’est pas reboot… Putain, je devrais castrer le type qui m’a installer ça."

Soupirement

"N'empêche que c'est pratique comme boulot, et que je suis plutôt doué. Si mon oncle me voyait, il rirait un bon coup, mais il est trop occupé à être mort en cherchant un arche. Ce grand con m'a entrainé toute sa vie pour que je sois aussi fort que lui et avant même qu'il accepte de m'emmener chercher un arche, il disparaît et meurt je ne sais où sur Pandora. Autant dire que ça m'a à jamais dégouté de la chasse à l'arche. Ce qui n'aurait pas été le cas de tout le monde. Cependant, le vieux est mort, donc je me suis retrouvé complètement seul. Ma mère et mon père sont morts dans un crash, un truc regrettable, mais je n'avais pas eu le temps de les connaître, donc mon oncle m'a élevé comme ça. Être élevé par un chasseur de l'arche donne une drôle d'enfance. J'ai appris à tirer à sept ans, mais c'est vers mes 20 ans qu'il est mort. Deux ans plus tard, j'ai commencé à faire de basses-besognes, puis du mercenariat pour que je finisse par devenir chasseur de primes il y a de cela huit ans.

À l'origine, j'ai perdu ma jambe dans la seule expédition que j'ai fait avec mon oncle, dans les Frozen Wastes. On cherchait la trace d'une clé dans la toundra pandorienne avant d'être surpris par une meute de Garogos. L'un d'entre eux à réussit à m'handicaper avant que mon oncle et moi réussirent à s'enfuir. Jusqu'à sa mort, Gregory Lockner ne se pardonna jamais cette erreur affreuse et refusa à jamais de me mêler à sa recherche de l'arche. Depuis, une prothèse trône à la place de ma jambe et ce salaud de Garogo est encore dans mes cauchemars…

L'œil, lui, est ironiquement un souvenir bien pire, des années plus tard. J'avais 26 ans, et commençait à travailler comme chasseur de primes avec un type louche. Creepy Clyde. Un timbré de la pire espèce, faisant passer les tueurs, les violeurs et les psychopathes pour des collectionneurs de timbre Il avait cependant le mérite d'être efficace et nos affaires étaient assez lucratives. À l'époque, nous travaillions pour un peu n'importe qui, et pas seulement Hyperion. Cependant, le business pris une tournure inattendue et épouvantable dans un deal de niveau supérieur. Le contrat était un vol. Voler de l'érydium à des trafiquants pour le donner à d'autres trafiquants... Vous la sentez, la merde? Touchez jamais de près ou de loin à l'Érydium, c'est fatale. Conseil d'ami.

…

"Juste après le coup, Creepy Clyde m'a tiré une balle dans le dos et m'a arraché l'œil avant de partir avec la mallette. J'ai jamais su ce qu'il a fait de tout ce métal maudit, et je veux même pas le savoir. Ce monstre est quelque part, dehors, et ça me terrorise. Lui et le Garogo, c'est les seules choses de ce monde qui me font vraiment flipper ma race. Peu de temps après cette mauvaise surprise et l'installation de mon implant, quelqu'un chez Hyperion m'a engagé pour un job, et je suppose que ça s'est très bien passé, puisque depuis que ce boulot, je travaille quotidiennement avec eux."

"Bon… Il se fait tard, et je commence solidement à sentir l'alcool dans mon sang. J'vais arrêter cet enregistrement avant que je dise plus de conneries."


"Faudrait vraiment que je bois moins, des fois."


Fin de l'enregistrement.